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    http://chorale.nd.fatima.free.fr/CantoGeneral/CANTO%20GENERAL%20presentation.html

     

     

      • Pablo Neruda, le poète le plus populaire du Chili, nous a fait la joie de venir au Club des Poètes lorsqu'il était Ambassadeur à Paris. Jean-Pierre Rosnay, qui s'était lié d'amitié avec lui, voulut lui consacrer une de ses émissions à la télévision, mais bien que, comme chacun sait, la censure n'ait jamais existé en France, les bandes de cette émission furent malencontreusement perdues par les responsables de la télévision, et l'émission de Jean-Pierre Rosnay "suspendue jusqu'à nouvel ordre pour cause de réorganisation de la grille des programmes".  Heureusement, les poètes se passent très bien de la télévision, et leurs oeuvres, quels que puissent être "les impératifs de programmation" qui les écartent des "grands" médias, se perpétuent, de la main à la main, de la bouche à l'oreille, et donc de  l'âme à l'âme. On se souviendra des poèmes de Pablo Neruda, alors qu'on ne saura même plus quel était le nom de celui qui dirigeait la télévision française dans les années 70 (qui était-ce au fait?). La petite lucarne était d'ailleurs bien étroite pour accueillir un poète qui fut tour à tour poursuivi par les autorités de son pays et candidat aux éléctions présidentielles, fugitif et ambassadeur, ennemi public N°1 et Prix Nobel de Littérature.

     

     

    Les poèmes de Pablo Neruda sont pour la plupart disponibles en Français
    dans la Collection Poésie des éditions Gallimard.

     

     

    Neruda, quelques dates :

    12 juillet 1904 : naissance à Parral, Chili, d'un père cheminot et d'une mère institutrice qui mourra quelques mois plus tard.

    1905 : installation en Araucanie (Temuco, Ville de pionniers)

    1921 : étudiant en français à Santiago du Chili, participe aux manifestations qui opposent les ouvriers à la police. 1923: publie "Crépusculaire" à compte d'auteur.

    1924: Vingt poèmes d'amour et une Chanson désespérée

    1924-1926: abandonne les études pour se consacrer à la littérature.

    1927-1935: début de sa carrière de diplomate (consul à Rangoon, Colombo, Batavia, Singapour, Buenos-Aires, Barcelone, Madrid)

    1935: A Madrid, il habite la "Maison des fleurs" où il se lie d'amitié avec les poètes espagnols, Lorca, Alberti, etc. Il publie "Résidence sur La Terre".

    1936-1937: Guerre d'Espagne, Lorca est assassiné par les Franquistes, Neruda prend partie pour les républicains. Il est relevé de ses fonctions consulaires et part pour Paris où il édite la revue "Les poètes du monde défendent le peuple espagnol", fonde le "groupe hispano-américain d'aide à l'Espagne", publie "L'Espagne au coeur".

    1939: suite à la victoire du Front Populaire au Chili, Neruda est envoyé à Paris où il est chargé d'organiser l'immigration au Chili des réfugiés républicains espagnol.

    1941: Neruda est attaqué par un commando nazi au Mexique. Il se rapproche de plus en plus du parti communiste auquel il adhérera en 1945.

    1947: Videla, président du Chili, organise la répression contre ses anciens alliés communistes. Neruda prend position contre lui et, menacé d'emprisonnement, entre dans la clandestinité.

    1952: rencontre Matilde, qui lui inspirera entre autres: "La centaine d'amour".

    1952-1970: période d'intense activité littéraire. Neruda est maintenant reconnu partout dans le monde comme un des plus grands poètes de son époque.

    1970:  soutient la campagne de Salvadore Allende, qui le nommera ambassadeur du Chili à Paris (1971) (c'est à cette époque qu'il vint plusieurs fois au Club des Poètes). Il obtient le Prix Nobel.

    1973: putsh militaire de Pinochet au Chili, mort d'Allende, saccage des maisons de Neruda par les putshistes, mort du poète.

     

    Voir aussi le site de la Fondation Neruda au Chili (en Espagnol)

     

    Source

    http://www.poesie.net/index.php

     

     

    Je prends congé. Pablo Neruda

     

    Je prends congé, je rentre
    chez moi, dans mes rêves,
    je retourne en Patagonie
    où le vent frappe les étables
    où l'océan disperse la glace.
     

     

    Je ne suis qu'un poète
    et je vous aime tous,
    je vais errant par le monde que j'aime :

     

    dans ma patrie
    on emprisonne les mineurs
    et le soldat commande au juge.
     

     

    Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
    de mon petit pays si froid.
    Si je devais mourir cent fois,
    c'est là que je voudrais mourir
    et si je devais naître cent fois
    c'est là aussi que je veux naître
    près de l'araucaria sauvage,
    des bourrasques du vent du sud
    et des cloches depuis peu acquises.
     

     

    Qu'aucun de vous ne pense à moi.
    Pensons plutôt à toute la terre,
    frappons amoureusement sur la table.
     

     

    Je ne veux pas revoir le sang
    imbiber le pain, les haricots noirs,
    la musique : je veux que viennent
    avec moi le mineur, la fillette,
    l'avocat, le marin
    et le fabricant de poupées,
    Que nous allions au cinéma,
    que nous sortions
    boire le plus rouge des vins.

     

    Je ne suis rien venu résoudre.

     

    Je suis venu ici chanter
    je suis venu
    afin que tu chantes avec moi.

    Harpe et Poésie


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  • Fils du cinéaste Paul de Roubaix, François est devenu intéressé à la fois plongée sous-marine et de la musique comme un adolescent. Tout en travaillant comme assistant sur un film de Robert Enrico en 1959, il lui a été donné l'occasion d'écrire la bande originale.

    Cela a conduit à des dizaines de bandes originales de films à partir de 1965 avec Les Grandes Gueules, principalement de la variété d'orchestre, mais saupoudré avec des morceaux de rock, jazz et funk.

    Il a finalement commencé à incorporer des éléments électroniques dans sa musique, et avec La Scoumoune de 1972, il avait produit et réalisé un score de manière totalement indépendante.

    Ses scores électroniques étaient accompagnement à son autre amour, plongée sous-marine, comme plusieurs films au cours des années 1970 étaient des documentaires début en mer. En 1974, de Roubaix a été contacté par Jacques Cousteau pour fournir le score pour le documentaire L'Antarctique. Le score électro-acoustique n'a rien fait pour la Cousteau musicalement-conservateur, au grand dam de de Roubaix. Un an plus tard, lors d'une plongée au large des Canaries, de Roubaix s'est noyé..

    En 1976, il lui a été décerné à titre posthume le César de la meilleure musique de film pour son dernier ouvrage,

    Le Vieux Fusil. 

    François de Roubaix fût l'un des plus grand compositeur français de musique de film des années 1960-1970.

    En dix ans de carrière, il aura composé plusieurs titres qui sont entrés dans la légende comme "La scoumoune","Adieu l'ami", ou "Le vieux fusil".


    Redécouvrez l'histoire et la carrière de ce brillant autodidacte...

     

    http://deroubaix.free.fr/

     


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  • Lettre à ma génération : moi je n'irai pas qu'en terrasse

    Salut, On se connaît pas mais je voulais quand même t’écrire. Il paraît qu’on devrait se comprendre, puisqu’on est de la même génération. Je suis française, je n’ai pas trente ans. Paris, c’est ma ville. J’ai grandi dans une école internationale où on était plus de quatre-vingt nationalités. J’ai beaucoup voyagé et je parle plusieurs langues. J’ai « des origines » comme on dit maghrébines. Je suis auteur compositeur interprète, artiste, et même un peu anthropologue.

     

    J’ai toujours adoré les terrasses. La dernière fois que j’étais à Paris j’y ai passé des heures, dans les cafés des 10e 11e et 18earrondissements. J’y ai écrit un livre qui s’appelle Chroniques de terrasse. Il est maintenant quelque part dans la pile de manuscrits de plusieurs maisons d’édition. Ça fait drôle d’y penser maintenant. J’aurais envie de rajouter quelques pages. Pourtant aujourd’hui, ce n’est pas en terrasse que j’ai envie d’aller.

     

    Depuis plusieurs jours, on m’explique que c’est la liberté, la mixité et la légèreté de cette jeunesse qui a été attaquée, et que pour résister, il faut tous aller se boire des bières en terrasse. C’est joli comme symbole, c’est même plutôt cool comme mode de résistance. Je ne suis pas sûre que si les attentats prévus à la Défense avaient eu lieu, on aurait lancé des groupes facebook « TOUS EN COSTAR AU PIED DES GRATTE-CIELS ! » ni qu'on aurait crié notre fierté d’être un peuple d’employés et de patrons fiers de participer au capitalisme mondial, pas toi ? 

     

    On nous raconte qu’on a été attaqués parce qu’on est le grand modèle de la liberté et de la tolérance. De quoi se gargariser et mettre un pansement avec des coeurs sur la blessure de notre crise identitaire. Sauf qu'il existe beaucoup d’autres pays et de villes où la jeunesse est mixte, libre et festive. Vas donc voir les terrasses des cafés de Berlin, d’Amsterdam,  de Barcelone, de Toronto,  de Shanghai, d’Istanbul, de New York ! 

     

    On a été attaqués parce que la France est une ancienne puissance coloniale du Moyen-Orient, parce que la France a bombardé certains pays en plongeant une main généreuse dans leurs ressources, parce que la France est accessible géographiquement, parce que la France est proche de la Belgique et qu’il est facile aux djihadistes belges et français de communiquer grâce à la langue, parce que la France est un terreau fertile pour recruter des djihadistes.

     

    Oui je sais, la réalité est moins sexy que notre fantasme.  Mais quand on y pense, c’est tant mieux, car si on a été attaqué pour ce qu’on est, alors on ne peut pas changer grand chose. Mais si on a été attaqué pour ce qu'on fait, alors on a des leviers d’action : 

     

    - S'engager dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables, car quand le pétrole ne sera plus le baromètre de toute la géopolitique, le Moyen-Orient ne sera plus au centre de nos attentions. Et d'un coup le sort des Tibétains et des Congolais nous importera autant que celui des Palestiniens et des Syriens. 

     

    - S'engager pour trouver de nouveaux modèles politiques afin de ne plus déléguer les actions de nos pays à des hommes et des femmes formés en école d'administration qui décident que larguer des bombes, parfois c'est bien, ou qu'on peut commercer avec un pays qui n'est finalement qu'un Daesh qui a réussi.

     

    - Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ?

    Si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d'aller écouter es concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L'attention que le monde nous porte en ce moment mériterait que l'on sorte de la jouissance de nos petits plaisirs personnels.  

    Ma mixité

    Qu’on soit maghrébin, français, malien, chinois, kurde, musulman, juif, athée, bi homo ou hétéro, nous sommes tous les mêmes dès lors qu'on devient de bons petits soldats du néo-libéralisme et de la surconsommation. On aime le Nutella qui détruit des milliers d’hectares de forêt et décime les populations amazoniennes, on achète le dernier iphone et on grandit un peu plus les déchets avec les carcasses de nos anciens téléphones, on préfère les fringues pas chères teintes par des enfants du Bengladesh et de Chine, on dépense des centaines d'euros en maquillage testé sur les animaux et détruisant ce qu'il reste de ressources naturelles. 

     

    Ma mixité, ce sera d’aller à la rencontre de gens vraiment différents de moi. Des gens qui vivent à huit dans un deux pièces, peu importe leur origine et leur religion. Des enfants dans les hôpitaux, des détenus dans les prisons. Des vieilles femmes qui vivent seules. De ce gamin de douze ans à l'écart d'un groupe d'amis, toujours rejeté parce qu'il joue mal au foot, qui se renferme déjà sur lui-même. Des ados dans les banlieues qui ne sont jamais allés voir une pièce de théâtre. Ceux qui vivent dans des petits villages reculés où il n'y a plus aucun travail. Les petits caïds de carton qui s'insultent et en viennent aux mains parce que l'un n'a pas payé son cornet de frites au McDo. D'habitude quand ça arrive, qu'est-ce que tu fais ? Tu tournes la tête, tu ris, tu te rassures avec un petit "Et ben ça chauffe !" et tu retournes à ta conversation. Si tous ceux qui ont répondu à l'appel Tous en terrasse ! décidaient de consacrer quelques heures par semaine à ce type d'échange... il me semble que ça irait déjà mieux. Ça apportera à l'humanité sans doute un peu plus que la bière que tu bois en terrasse.

     

    Ma liberté

     

    Je ne vois pas en quoi faire partie du troupeau qui se rend chaque semaine aux messes festives du weekend est une marque de liberté. Ma liberté sera de prendre un autre chemin que celui qui passe par l’hyperconsommation. D’avoir un autre horizon que celui de la maison, de la voiture, des grands écrans, des vacances au soleil et du shopping.

     

    Ma liberté sera celle de prendre le temps quand j'en ai envie, de ne pas m'affaler devant la télé en rentrant du boulot, d'avoir un travail qui ne me permet pas de savoir à quoi ressemblera ma journée.

     

    Ma liberté, c'est de savoir que lorsque je voyage dans un pays étranger je ne suis pas en train de le défigurer un peu plus. C'est vivre quelque part où le ciel a encore ses étoiles la nuit. C'est flâner dans ma ville au hasard des rues. C'est avoir pu approcher une autre espèce que la mienne dans son environnement naturel. 

    Ma liberté, ce sera de savoir jouir et d'être plein, tout le contraire des plaisirs de la consommation qui créent un manque et le besoin de toujours plus. Ma liberté, ce sera d'avoir essayé de m'occuper de la beauté du monde. "Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête que quelque chose a changé pendant que nous passions" (Claude Lemesle).

     

    Ma fête

     

    Ma fête ne se trouve pas dans l’industrie du spectacle. Ma fête c'est quand j'encourage les petites salles de concert, les bars où le musicien joue pour rien, les petits théâtres de campagne construits dans une grange, les associations culturelles. Passer une journée avec un vieux qui vit tout seul, c’est une fête. Offrir un samedi de babysitting gratuit à une mère qui galère toute seule avec ses enfants, c’est une fête. Organiser des rencontres entre familles des quartiers défavorisés et familles plus aisées, et écouter l'histoire de chacun, c'est une fête.  

     

    La fête c’est ce qui sort du quotidien. Et si mon quotidien est de la consommation bruyante et lumineuse, chaque fois que je cultiverai une parole sans écran et une activité dont le but n’est pas de consommer, je serai dans la fête. Préparer un bon gueuleton, jouer de la gratte, aller marcher en forêt, lire des nouvelles et des contes à des jeunes qui sentent qu’ils ne font pas partie de notre société, quelle belle teuf !

     

    N’allez pas me dire que je fais le jeu des djihadistes qui disent que nous sommes des décadents capitalistes… s’il vous plaît ! Ils n’ont pas le monopole de la critique de l’hyper-consommation, et de toute façon, ils boivent aux mêmes sources que les pays les plus capitalistes : le pétrole et le trafic d’armes. 

     

    Voilà. Je ne sais pas si on se croisera sur les mêmes terrasses ni dans les mêmes fêtes. Mais je voulais juste te dire que tu as le droit de te construire autrement que l'image que les médias te renvoient. Bien sûr qu'il faut continuer à aller en terrasse, mais qu'on ne prenne pas ce geste pour autre chose qu'une résistance symbolique qui n'aura que l'effet de nous rassurer, et sûrement pas d'impressionner les djihadistes (apparemment ils n'ont pas été très impressionnés par la marche du 11 janvier), et encore moins d'arrêter ceux qui sont en train de naître. 

     

    Ce qu’on est en train de vivre mérite que chacun se pose un instant à la terrasse de lui-même, et lève la tête pour regarder la société où il vit. Et qui sait... peut-être qu'un peu plus loin, dans un lambeau de ciel blanc accroché aux immeubles,  il apercevra la société qu’il espère.

     

    Sarah

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