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Si on s'écoutait lire ? émission du mardi 6 décembre 2016, présentée par Jean-Pierre Kaïm.
Il est des hommes "qui ont la vérité en eux mais ne l'expriment pas en paroles". Dans "Le Prophète", Khalil Gibran parle de l'exil, de l'amour, des enfants, du manger et du boire, du travail, de la douleur, de l'amitié, de la beauté, de la mort. Mais l'essentiel, il ne peut le dire. C'est en eux qu'il fait sentir la vérité muette de son âme. Et l'invisible évoqué par le prophète libanais parle directement à l'invisible qui est en nous.
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La vie... selon Charlie Chaplin !
Charlie Chaplin 1/5 The kid / Le gosse et suite (France Culture)
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Music video by Leo Rojas performing Der mit dem Wolf tanzt. (C) 2012 Sony Music Entertainment Germany GmbH
Top titres – Leo Rojas
https://youtu.be/XvrEj1CVGmU?list=PLGEDwqYmb0hKS3AW9D4VF5XFXsbCiyMoq
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Avec Thomas Constantinesco, la relation intellectuelle et amicale entre Emerson et Thoreau, nous permet d'aborder l'acte de naissance de la philosophie américaine, et de s'écarter sur des sentiers inexplorés en ces temps d'agitation politique.
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• Crédits : Benjamin D. Maxham active 1848 - 1858
"A travers la tranquillité du paysage [...] l'homme contemple quelque chose d'aussi magnifique que sa propre nature", écrivait Emerson. Thoreau, arpenteur et praticien de la nature, marche sur les traces d'Emerson, en naturaliste et poète expérimentant la symbiose de son être avec la nature. Mais il découvre aussi la nature dans sa complexité, parfois inhospitalière et inhabitable, la solitude étant tantôt harmonie, tantôt désolation.
Le texte du jour
Quand j’ai atteint le sommet de la crête, dont ceux qui l’ont vu par beau temps disent qu’il fait cinq miles de long et est constitué d’un plateau d’une centaine d’acres, je me suis retrouvé au beau milieu des rangs hostiles des nuages, qui m’obscurcissaient tout. […]
On avait parfois l’impression que le sommet serait dégagé dans quelques instants et resplendirait au soleil, mais ce que l’on gagnait d’un côté se perdait dans l’autre. C’était comme d’être assis devant une cheminée et d’attendre que la fumée se dissipe.
En fait, c’était une usine à nuages : il s’agissait de matière nuageuse que le vent extrayait des rochers froids et nus. De temps à autre, je pouvais apercevoir rapidement un à-pic sombre et humide à droite ou à gauche, la brume ne cessant de passer entre lui et moi. […] Nul doute qu’Eschyle avait visité un paysage semblable à celui-ci.
C’était immense, titanesque et de ceux qu’aucun homme n’habite jamais. Une partie de celui qui le contemple - et même une partie vitale - semble s’échapper entre ses côtes flottantes à mesure qu’il monte.
Il est plus seul qu’on ne peut l’imaginer. Ses pensées ont moins d’envergure et son intelligence est moins affûtée que dans les plaines où habitent les hommes. Sa raison est sombre et dispersée, plus ténue et plus imperceptible, comme l’air.
La Nature immense, titanesque et inhumaine l’a pris au dépourvu, piégé quand il était seul et lui a barboté un peu de ses facultés divines.
Elle ne lui sourit pas comme dans les plaines.
Elle semble demander sévèrement : Pourquoi es-tu venu ici avant ton heure? Ce terrain n’est pas encore prêt pour toi. Cela ne te suffit donc pas que je sourie dans les vallées ? Je n’ai jamais créé ce sol pour tes pieds, cet air pour ton souffle, ces rochers pour être tes voisins. […]
Les sommets des montagnes comptent parmi les parties inachevées du globe, où c’est un peu comme insulter les dieux que d’y grimper, de s’immiscer dans leurs secrets et d’éprouver l’ascendant qu’ils exercent sur notre humanité. Les hommes audacieux et insolents sont sans doute les seuls à y aller.
- Henry David Thoreau, Les forêts du Maine, 1864, trad. Thierry Gillyboeuf, Payot, 2012
Lectures
- Ralph Waldo Emerson, La nature, 1836, trad. Patrice Oliete Loscos, éd. Allia, 2009.
- Henry David Thoreau, De la marche, 1862
- Henry David Thoreau, Les forêts du Maine, 1864, trad. Thierry Gillyboeuf, Payot, 2012
- Henry David Thoreau, The Correspondance of Henry David Thoreau, p.86-87, 1958, Lettre de Thoreau à Emerson, Cahier de l'Herne, trad. Maurice Gonnaud.
Références musicales
- Louis Armstrong The star spangled banner. Live from Newport
- Mica Levi BOF Jackie. .Jackie Vanity
- Ella Fitzgerald , A beautiful friendship
Intervenants
- Thomas Constantinesco : Maître de conférences en litttérature américaine et traduction littéraire à l'université Paris Diderot
Bibliographie
La nature Allia, 2011
Les forêts du Maine Rivages, 2012
Adèle Van Reeth
Philosophe, ancienne élève de l’école normale supérieure de Lyon, Adèle Van Reeth travaille sur Stanley Cavell, le cinéma et la pensée de l’ordinaire.
https://www.franceculture.fr/personne/adele-van-reeth
2/4 Walden ou la Vie dans les bois
La désobéissance civile
Journal d’une vie ordinaire
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