• Journaliste, écrivain, féministe, Benoîte Groult est morte à 96 ans ce 20 juin à Hyères, où elle vivait et écrivait.

    Réécoutez-la dans nos émissions.

     

    Benoîte Groult, jurée du prix Femina 2013 

     

    Benoîte Groult, jurée du prix Femina 2013 Crédits : Xavier de Torres - Maxppp

     

    "Mes petites-filles ne savent pas que je suis née avec zéro droit. Que j’ai vu tous mes droits arriver un par un, pendant toute ma vie."

     

    Elle s'appelait Benoîte, car ses parents pensaient attendre un garçon. Filleule de Marie-Laurencin (dont elle dira "C'était Zazie, dans la vie, dans la peinture, avec les poètes... c'était une petite fille."), fille de Nicole Poiret, dessinatrice de mode, et de André Groult, styliste de meubles, Benoîte Groult grandit à Paris durant les années folles, dans un milieu intellectuel et aisé. Elle est élevée dans les canons de la société bourgeoise, mais dans ce paysage, sa mère détonne, comme elle le racontait  au micro de Laure Adler dans l'émission Hors Champs en mars 2010 :

     

    "Elle était toujours brillante, tapageuse, je n'avais qu'une peur dans la vie, c'est qu'elle vienne me chercher à la porte de l'institut Sainte-Clothilde, très catholique (...) Je me disais : toutes les filles vont la regarder, elle a des talons aiguilles, qui font un bruit terrible, elle a un manteau de singe, avec des poils partout, c'était pas du tout le genre des mères des élèves qui tricotaient des chaussettes pour leurs filles, qui étaient 'comme il faut' et qui ne travaillaient pas." Benoîte Groult à propos de sa mère

     

    Emission complète et écouter sur France Culture

     

    http://www.franceculture.fr/litterature/benoite-groult-ainsi-fut-elle#


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  • Émission “Une vie une oeuvre”, diffusée sur France Culture le 21/06/2014. Une émission de Matthieu Garrigou-Lagrange. Par Françoise Estèbe. Réalisation : Lionel Quantin. Théodore Monod naît en 1902. Il entre au Muséum d’histoire naturelle dès 1922 et y soutient sa thèse en 1926. Il découvre le continent africain grâce à deux missions de recherche, puis parcourt le Sahara occidental pendant plus d’un an. En 1930, son service militaire le mène au Sahara algérien : ses recherches sont définitivement orientées vers une région du monde dont il devient un éminent spécialiste. En 1938, Monod est affecté à Dakar pour créer un institut de recherche. Sous son impulsion, l’Institut français d’Afrique noire devient un grand centre scientifique. Il est nommé directeur du laboratoire des pêches d’outre-mer au Muséum, en 1942, puis élu à l’Académie des sciences en 1963. Il s’éteint en 2000, à l’âge de 98 ans.

    Avec Jean-Marc Durou, photographe, spécialiste du Sahara, sa rencontre avec Théodore Monod en Algérie dans les années 1970 sera le point de départ d’une amitié de plus de trente ans

    Isabelle Jarry, romancière et essayiste, auteure de “Théodore Monod” (Plon), et avec Théodore Monod, “Mémoires d’un naturaliste voyageur” (AGEP)

    Jean-Claude Nouët, professeur des universités, membre du Comité consultatif de la santé et de la protection animales
    Ambroise Monod, fils de Théodore Monod, pasteur, artiste
    Cyrille Monod, fils aîné de Théodore Monod, il a rassemblé les écrits rapportés des voyages dans “Les Carnets de Théodore Monod” (Le Pré aux Clers)
    Philippe Taquet, paléontologue

    Nicole Vray, historienne, auteure de “Monsieur Monod, scientifique, voyageur et protestant” (Actes Sud)

    Et les voix de Théodore Monod ; Cyrille Monod - Archives INA
    Extraits du film “Le vieil homme et le désert” de Karel Prokop
    Textes lus par Robert Milin

    Thèmes : Archéologie| Biologie| Ecologie| Ethnologie| ThéodoreMonod

     

    Source : France Culture
     

     

    Thibault Marconnet

     


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  • Docs ad Hoc : L'école est à nous ! Ou comment... par LCP

    A l’heure de sa panthéonisation, quelle image reste-t-il de Jean Zay dans la mémoire collective française ?

     

    D’avantage celle d’une victime de la barbarie que celle d’un grand homme d’Etat, semble-t-il.

     

    Et pourtant… Nommé à seulement 31 ans au sein du Front Populaire à la tête du ministère de l’Education nationale, Jean Zay se lance malgré tout dans un grand chantier d’innovation et de rénovation du système scolaire français.

     

    Soucieux de faire entrer la culture dans tous les foyers, il est à l’origine du CROUS, du CNRS et des bibliobus.

     

    Instigateur du Festival de Cannes, il aurait du en organiser la première édition en septembre 1939 ; mais le début de la Seconde Guerre Mondiale allait mettre un frein à une carrière jusqu’ici fulgurante…

     

    Entre Paris, Orléans et la Région Centre qui l’a vu naitre et grandir, et où nous avons tourné, nous reviendrons sur les grands moments de la vie de Jean Zay et sur l’héritage qu’il laisse encore aujourd’hui derrière lui, auprès de ses propres filles, Hélène et Catherine, et des collégiens et lycéens dans des établissements qui portent davantage que son nom.


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  •  

    roda8358

     

    Son histoire sur Radio Canada

     

    http://www.radio-canada.ca/radio/profondeur/RemarquablesOublies/Sacajawea.htm

    Ecouter

    http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia%3Dhttp://www.radio-canada.ca/Medianet/2010/CBF/DeRemarquablesOublies201002101600_m.asx

     

    Voir aussi :

    http://alabamacountry.skynetblogs.be/apps/search/?s=Sacagawea 

     

    Sacagawea contrairement à Pocahontas n'est pas une histoire romancé par Walt Disney, mais bel et bien l'une de ces légendes Amérindiennes bien réelles. 

     

     

    Voir l'article

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Sacagawea 

     

    Aujourd’hui, de nombreuses statues érigées en l’honneur de Sacagawea sur le sol américain, rappellent son épopée glorieuse et perpétuent son souvenir. Son discours y est même gravé en lettres d’or.C'est d'ailleurs une figure légendaire dans l'histoire de l'ouest américain pour son rôle indispensable qu'elle a tenu, pendant l'expédition de Lewis et de Clark.

    Plus tard, Sacagawea est devenue une énigme pour des historiens cherchant à retracer la fin de sa vie.

    Le territoire accordé aux Shoshones fut rapidement réduit de 80% de sa superficie, les Américains ne respectant pas leur traité. 

     

    Sacagawea la fille d'un chef Shoshone, est née vers 1788 dans la région de l'Idaho, elle fut enlevée par les Indiens Hidatsa alors qu'elle avait environ dix ans puis elle fut raccompagnée dans son village dans le haut Missouri.

     

    Là, elle et une autre fille captive, furent gagnées aux dès par un trappeur Canadien français, Toussaint Charbonneau qui les maria.

     

    Personnage envoûtant, histoire d'amour riche en drames et en rebondissements, Sacagawea annonce aussi à traverser l'émouvante aventure d'une femme courageuse les prémices de l'ultime combat d'une civilisation sur le point d'être injustement sacrifiée à l'irrésistible ascension d'un nouveau monde.

     

    Avant de raconter cette légende,il serait sans doute bon de préciser un point d'Histoire -Géographie important afin de situé les lieux où se déroula cette histoire.

    Vers l’année 1800, le territoire des États-Unis était divisé en trois : l’ouest était constitué, en grande partie, de possessions espagnoles ; le centre, de chaque côté des fleuves Missouri et Mississipi, de possessions françaises et l’est, de possessions anglaises. 

    Les Shoshones, une tribu indienne, vivaient dans le Wyoming actuel et occupaient également une partie de l’Idaho, du Montana, du Nevada et de l’Utah. C’était un peuple fier qui vivait principalement de la chasse du bison, un animal qui parcourait, par millions, les vastes plaines de ces régions. 

     

    Voici sa légende telle racontée chez les amérindiens 

     

    La fille d'un chef indien d'une tribu de chasseurs de bisons, Sacagawea, ( l'oiseau qui plonge dans l'eau ), reçu un jour cette 'étrange prédiction de sa grand-mère : 

    " ...Bientôt tu feras un voyage dans un pays inconnu. Tu es l'élue. Tu auras plusieurs noms. Tu guideras les autres. Tu seras quelque chose comme un chef qui donne au peuple des ventres pleins et des visages réjouis. Tu appartiendras aux légendes dans de nombreuses vies d'hommes et tu seras aimée par d'autres nations. Tu mourras jeune... et pourtant, tu atteindras un âge très avancé... Le début de tout cela est proche... destin auquel, elle ne pourra échapper... 

     

    Enlevée tout enfant au cours d'une sanglante bataille, impitoyablement réduite en esclavage, convoitée par tous les hommes, traquée sans cesse pour sa jeunesse et sa fraîcheur, échangée, gagnée au jeu, mariée à treize ans contre son gré, elle saura cependant prendre sur le destin et sa douloureuse condition de femme une éclatante revanche. 

    Grâce à son intelligence et à son intuition exceptionnelles, à sa connaissance aiguë des lois de la nature, au savoir et à la sagesse de ses ancêtres, c'est elle en effet qui mènera vers le succès, en 1805, une poignée d'hommes blancs, permettant à l'expédition historique des deux explorateurs américains Lewis et Clark d'atteindre les rivages jusqu'alors inaccessibles du lointain Océan Pacifique 

     

    Dans le centre du village des Shoshones, vivait le grand chef Ne-Recule-Jamais. C’est là que naquit, vers l’an 1788, sa fille Petite Herbe, qui allait devenir Sacagawea. 

     

    Très tôt, Petite Herbe se révéla une enfant curieuse, espiègle et très bavarde. Ses parents n’arrêtaient pas de lui dire : « Tu parles trop, Petite Herbe ; les femmes doivent apprendre à tenir leur langue, surtout en présence des hommes ». 

    Mais Petite Herbe n’écoutait pas, ne faisant qu’à sa tête. Elle n’arrêtait pas de poser des questions à son père qui faisait preuve d’une grande patience. De taille moyenne, massif, aux larges épaules et aux jambes arquées, caractéristiques des gens de sa race, Ne-Recule-Jamais possédait des yeux noirs, brillants et habituellement durs, sauf en présence de ses enfants. 

     

    Le grand chef riait même aux éclats quand il se baignait avec eux dans les eaux froides des cours d’eau, ou quand il courait avec eux, dans les herbes épaisses des collines.

     Les Shoshones formaient une tribu très unie. Tous aimaient et respectaient leur chef Ne-Recule-Jamais. Chaque guerrier était cependant son propre maître, le chef n’étant que celui qui, par sa sagesse et son courage, occupait une position de respect. On s’adressait davantage à lui pour prendre conseil que pour recevoir des ordres. 

    Comme pour la plupart des tribus indiennes, les femmes effectuaient les travaux domestiques, tandis que les hommes capturaient et dressaient les chevaux, indispensables à la chasse aux bisons, fabriquaient les armes, protégeaient la tribu et livraient des combats contre les tribus rivales qui tentaient de s’emparer des chevaux et de faire des prisonniers. 

    Les enfants, eux, couraient parmi les tipis et étaient libres de faire ce qu’ils voulaient, leurs aînés pensant qu’une discipline trop rigide pouvait nuire à leur développement. La vie s’écoulait paisible et joyeuse pour Petite Herbe et ses frères et soeurs. 

     

    Un jour, les Shoshones entreprirent leur voyage annuel vers leurs quartiers d’hiver dans la région de la Montagne Luisante (aujourd’hui les Rocheuses). C’est lors de ce voyage qu’ils furent attaqués par les Pieds-Noirs, une tribu rivale qui convoitait leurs chevaux. Possédant des mousquets, les Pieds-Noirs eurent le dessus et plusieurs guerriers Shoshones, de même que des femmes et adolescents, furent tués. Des femmes furent capturées, ainsi que des enfants, dont Petite Herbe. 

     

    Les Pieds-Noirs firent leur long voyage de retour vers leur territoire et Petite Herbe devint l’esclave de Bec de Vautour, le guerrier qui l’avait fait prisonnière. 

    Elle fut traitée durement et subit toutes sortes d’humiliations, mais fière, elle endura le tout sans pleurer ni se plaindre. Elle apprit le langage des Pieds-Noirs qui lui donnèrent le nom de Femme-Oiseau ou Sac-a-jaw-a, dans leur langue. Ce nom devint Sacagawea.ou Sacajawea 

    Sacagawea demeura dans la tribu des Pieds-Noirs jusqu’à ce qu’elle soit gagnée, au jeu, par un dénommé Toussaint Charbonneau, un marchand très porté sur les jeunes femmes indiennes. 

    Le jeu était le passe-temps favori des indiens, surtout lors des grandes foires annuelles et il était fréquent qu’un indien perde tout ce qu’il possédait, femmes comprises. 

    Charbonneau avait déjà deux jeunes indiennes dans sa cabane et il entreprit de casser le caractère de Sacajawa, jugée trop fière. Toussaint Charbonneau était né à Montréal d’une femme sioux et d’un père Canadien-français. 

    Brutal, il battit Sacagawea, sans parvenir à briser la petite indienne qui n’avait que treize ans à l’époque.

     

    Plus tard, le Congrès américain vota une loi afin de permettre l’exploration des territoires situés à l’ouest du fleuve Missouri, jusqu’au Pacifique. Meriwether Lewis et William Clark furent chargés de monter une expédition à cet effet. Comme ils ne connaissaient pas ces territoires, ni le langage des diverses tribus, il leur fallait un guide et interprète. Sacagawea qui connaissait bien ces territoires, puisque sa tribu se rendait, à chaque année, jusqu’à la Montagne Luisante, fut désignée pour remplir ce rôle. 

     

    L’expédition de Clark et Lewis comptait quarante cinq hommes. C’est au cours de ce voyage que Sacagawea démontra toutes ses qualités de princesse indienne. Elle était courageuse et était toujours à l’avant-garde pour entreprendre des discussions avec les diverses tribus, afin de permettre la traversée des territoires et ce, jusqu’à l’océan Pacifique. 

     

    Elle fit l’admiration de tous les hommes, y compris Clark et Lewis, qui devinrent des amis intimes. 

    Sacagawea tomba follement amoureuse du capitaine Clark, qui ne répondit pas à ce grand amour. 

    Elle rédigea ce très beau poème à son intention

    Mon amour, sous les saules le long de la rivière 

    Nous nous reposions, 

    Le petit oiseau jaune des peupliers 

    Venait, et chantait pour nous 

    Aujourd’hui je m’en souviens, et je pleure 

    Mon amour, sous les jeunes maïs 

    Nous nous reposions, 

    Le rossignol qui aime les nuits d’été 

    Venait, et chantait pour nous. 

    Aujourd’hui je m’en souviens et je pleure 

    Nous allions parmi les fleurs pâles 

    Tout n’était que joie, 

    Nous allions seuls avec notre bonheur 

    Dans les buissons de fleurs pourpres. 

    Hélas, que le temps a passé ! 

    Ô mon amour, 

    Ce soir je suis seule avec mon chagrin...

     

    Au retour de l’expédition qui allait ouvrir la route de l’Ouest américain, les autorités firent une grande fête, en l’honneur de Clark et Lewis, de même qu’ en honneur de la princesse Sacagawea, qui était devenue très célèbre dans tout le pays. 

     

    Le président Jefferson offrit un splendide médaillon à son effigie à Sacagawea. Reconnue finalement comme chef de la tribu des Shoshones, Sacagawea représenta son peuple lors de la signature du Grand traité de paix, du 3 juillet 1868, entre les blancs et les indiens. 

    Sa tribu se voyant accordée un vaste territoire, Sacagawea, très noble et très émue, prononça le discours suivant devant les dignitaires, dont certains pleuraient, et qui resta gravé dans la mémoire de toutes les générations : 

    - Je mettrai mes pas dans ceux de mes ancêtres où je tracerai ma propre piste. 

    - Je sentirai la mousse et les feuilles sous mes pieds. 

    - J’entendrai craquer les pommes de pin et les brindilles. 

    - Je m’émerveillerai de l’assaut des lichens sur les roches, comme les vagues sur la mer. 

    - Au printemps, j’irai cueillir les églantiers et les violettes là, où loin du bruit et des querelles, tout n’est que silence et paix. 

    - Les écureuils et les oiseaux m’accueilleront. 

    - Je m’assoirai sur une souche morte et regarderai les pousses neuves me dire que la vie meurt, mais que tout recommence. 

    - En été, je sentirai la fraîcheur des ombrages et, à travers les feuilles, je verrai le ciel bleu et pourrai m’émerveiller de l’éternité de notre terre. 

    - J’irai marcher sur les collines à l’automne et respirer l’odeur âcre de l’herbe fanée.

    - L’hiver venue, les arbres dépouillés me rappelleront aux dures réalités de la vie. 

    - Je sentirai alors sur mon visage, le froid de cristal du vent et le souffle mordant des premières neiges. 

     

    Comme l'avait prédit sa grand mère, Sacagawea mourra jeune en même temps qu'elle vivra vieille, elle succombera à une fièvre typhoïde en 1812 à l'âge de 25 ans dit on, d'autres pensent qu'elle s'en retournée auprès des Shoshone dans la réserve de la Wind River et y serait morte en 1884.

     Sur ce point les historiens sont partagés. 

     

    Où commence la légende nul ne le sait ...

    Bibliographie 

    Extraits de : Mille ans de contes : Indiens d'Amérique du Nord

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    Petite vidéo de ma composition

    avec aussi des loupés au niveau de ma narration (rire) ,

    mais le coeur y était

    cette histoire m'a beaucoup touchée,

     

     

    C'était une femme, courageuse, forte et fière, un personnage hors du commun

     

     

    A toutes et tous Bonne journée

     

    Blog de roselyne : Humanité, Nature, Amour et lumière, Sacagawea - Son histoire légendaire


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  •  http://a4.files.biography.com/image/upload/c_fit,cs_srgb,dpr_1.0,h_1200,q_80,w_1200/MTE5NTU2MzE2MjgwNDg5NDgz.jpg

     Biographie
     
     
     
     
    Vous connaissez surement ce discours, mais je le remets en mémoire car je le trouve très beau.
     
    Mais nous sommes bien loin de la Paix dans le monde

     

    Je suis heureux de participer avec vous aujourd’hui à ce rassemblement qui restera dans l’histoire comme la plus grande manifestation que notre pays ait connu en faveur de la liberté.

     

    Il y a un siècle de cela, un grand américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre acte d’émancipation. Cette proclamation historique faisait, comme un grand phare, briller la lumière de l’espérance aux yeux de millions d’esclaves noirs marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce fut comme l’aube joyeuse qui mettrait fin à la longue nuit de leur captivité.

     

    Mais cent ans ont passé et le Noir n’est pas encore libre. Cent ans ont passé et l’existence du Noir est toujours tristement entravée par les liens de la ségrégation, les chaînes de la discrimination ; cent ans ont passé et le Noir vit encore sur l’île solitaire de la pauvreté, dans un vaste océan de prospérité matérielle ; cent ans ont passé et le Noir languit toujours dans les marches de la société américaine et se trouve en exil dans son propre pays.

     

    C’est pourquoi nous sommes accourus aujourd’hui en ce lieu pour rendre manifeste cette honteuse situation. En ce sens, nous sommes montés à la capitale de notre pays pour toucher un chèque. En traçant les mots magnifiques qui forment notre constitution et notre déclaration d’indépendance, les architectes de notre république signaient une promesse dont héritaient chaque Américain. Aux termes de cet engagement, tous les hommes, les Noirs, oui, aussi bien que les Blancs, se verraient garantir leurs droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

     

    Il est aujourd’hui évident que l’Amérique a failli à sa promesse en ce qui concerne ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple noir un chèque sans valeur ; un chèque qui est revenu avec la mention "Provisions insuffisantes". Nous ne pouvons croire qu’il n’y ait pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance en notre pays. Aussi sommes nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous fournira sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

     

    Nous sommes également venus en ce lieu sanctifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Il n’est plus temps de se laisser aller au luxe d’attendre ni de pendre les tranquillisants des demi-mesures. Le moment est maintenant venu de réaliser les promesses de la démocratie ; le moment est venu d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale ; le moment est venu de tirer notre nation des sables mouvants de l’injustice raciale pour la hisser sur le roc solide de la fraternité ; le moment est venu de réaliser la justice pour tous les enfants du Bon Dieu. Il serait fatal à notre nation d’ignorer qu’il y a péril en la demeure. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.

     

    1963 n’est pas une fin mais un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de laisser fuser la vapeur et se montrera désormais satisfait se préparent à un rude réveil si le pays retourne à ses affaires comme devant.

     

    Il n’y aura plus ni repos ni tranquillité en Amérique tant que le Noir n’aura pas obtenu ses droits de citoyen.

     

    Les tourbillons de la révolte continueront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’au jour où naîtra l’aube brillante de la justice.

     

    Mais il est une chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui mène au palais de la justice : en nous assurant notre juste place, ne nous rendons pas coupables d’agissements répréhensibles.

     

    Ne cherchons pas à étancher notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Livrons toujours notre bataille sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Il ne faut pas que notre revendication créatrice dégénère en violence physique. Encore et encore, il faut nous dresser sur les hauteurs majestueuses où nous opposerons les forces de l’âme à la force matérielle.

     

    Le merveilleux militantisme qui s’est nouvellement emparé de la communauté noire ne doit pas nous conduire à nous méfier de tous les Blancs. Comme l’atteste leur présence aujourd’hui en ce lieu, nombre de nos frères de race blanche ont compris que leur destinée est liée à notre destinée. Ils ont compris que leur liberté est inextricablement liée à notre liberté. L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée biraciale. Nous ne pouvons marcher tout seuls au combat. Et au cours de notre progression, il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Il en est qui demandent aux tenants des droits civiques : "Quand serez vous enfin satisfaits ?" Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que le Noir sera victime des indicibles horreurs de la brutalité policière.

     

    Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos corps recrus de la fatigue du voyage ne trouveront pas un abris dans les motels des grand routes ou les hôtels des villes. Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand.

     

    Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos enfants seront dépouillés de leur identité et privés de leur dignité par des pancartes qui indiquent : "Seuls les Blancs sont admis." Nous ne pourrons être satisfaits tant qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits tant que le droit ne jaillira pas comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable.

     

    Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduits ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine de l’étroite cellule d’une prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les tempêtes de la persécution, secoués par les vents de la brutalité policière. Vous êtes les pionniers de la souffrance créatrice. Poursuivez votre tache, convaincus que cette souffrance imméritée vous sera rédemption.

     

    Retournez au Mississippi ; retournez en Alabama ; retournez en Caroline du Sud ; retournez en Géorgie ; retournez en Louisiane, retournez à vos taudis et à vos ghettos dans les villes du Nord, en sachant que, d’une façon ou d’une autre cette situation peut changer et changera. Ne nous vautrons pas dans les vallées du désespoir.

     

    Je vous le dis ici et maintenant, mes amis : même si nous devons affronter des difficultés aujourd’hui et demain, je fais pourtant un rêve. C’est un rêve profondément ancré dans le rêve américain.

     

    Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo :

     

    "Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux."

     

    Je rêve que, un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

     

    Je rêve que, un jour, l’État du Mississippi lui-même, tout brûlant des feux de l’injustice, tout brûlant des feux de l’oppression, se transformera en oasis de liberté et de justice. Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

     

    Je rêve que, un jour, même en Alabama où le racisme est vicieux, où le gouverneur a la bouche pleine des mots "interposition" et "nullification", un jour, justement en Alabama, les petits garçons et petites filles noirs, les petits garçons et petites filles blancs, pourront tous se prendre par la main comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

     

    Je rêve que, un jour, tout vallon sera relevé, toute montagne et toute colline seront rabaissés, tout éperon deviendra une pleine, tout mamelon une trouée, et la gloire du Seigneur sera révélée à tous les êtres faits de chair tout à la fois.

     

    Telle est mon espérance. Telle est la foi que je remporterai dans le Sud.

     

    Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d’espérance. Avec une telle foi nous serons capables de transformer la cacophonie de notre nation discordante en une merveilleuse symphonie de fraternité. Avec une telle foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de nous dresser ensemble pour la liberté, en sachant que nous serons libres un jour. Ce sera le jour où les enfants du Bon Dieu pourront chanter ensemble cet hymne auquel ils donneront une signification nouvelle -"Mon pays c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante, pays où reposent nos pères, orgueil du pèlerin, au flanc de chaque montagne que sonne la cloche de la liberté"- et si l’Amérique doit être une grande nation, il faut qu’il en soit ainsi. Aussi faites sonner la cloche de la liberté sur les prodigieux sommets du New Hampshire.

     

    Faites la sonner sur les puissantes montagnes de l’État de New York. Faites la sonner sur les hauteurs des Alleghanys en Pennsylvanie. Faites la sonner sur les neiges des Rocheuses, au Colorado. Faites la sonner sur les collines ondulantes de la Californie. Mais cela ne suffit pas.

     

    Faites la sonner sur la Stone Mountain de Géorgie. Faites la sonner sur la Lookout Mountain du Tennessee. Faites la sonner sur chaque colline et chaque butte du Mississippi, faites la sonner au flanc de chaque montagne.

     

    Quand nous ferons en sorte que la cloche de la liberté puisse sonner, quand nous la laisserons carillonner dans chaque village et chaque hameau, dans chaque État et dans chaque cité, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants du Bon Dieu, les Noirs et les Blancs, les juifs et les gentils, les catholiques et les protestants, pourront se tenir par la main et chanter les paroles du vieux "spiritual" noir :

     

    "Libres enfin. Libres enfin. Merci Dieu tout-puissant, nous voilà libres enfin."


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