• La Libellule

    Près de l'étang, sur la prêle

    Vole, agaçant le désir,
    La Libellule au corps frêle
    Qu'on voudrait en vain saisir.

    Est-ce une chimère, un rêve
    Que traverse un rayon d'or ?
    Tout à coup elle fait trêve
    À son lumineux essor.

    Elle part, elle se pose,
    Apparaît dans un éclair
    Et fuit, dédaignant la rose
    Pour le lotus froid et clair.

    À la fois puissante et libre,
    Soeur du vent, fille du ciel,
    Son aile frissonne et vibre
    Comme le luth d'Ariel.

    Fugitive, transparente,
    Faite d'azur et de nuit,
    Elle semble une âme errante
    Sur l'eau qui dans l'ombre luit.

    Radieuse elle se joue
    Sur les lotus entr'ouverts,
    Comme un baiser sur la joue
    De la Naïade aux yeux verts.

    Que cherche-t-elle ? une proie.
    Sa devise est: cruauté.
    Le carnage met en joie
    Son implacable beauté.

    Camille Saint-Saëns (1835-1921)


    Recueil : Rimes familières (1890) - Strophes

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