• La ruine des paysans menace aussi notre souveraineté alimentaire - Le libre échange ruine les paysans et détruit la planète

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    Tandis que les tracteurs sont à nouveau de sortie aujourd’hui dans plusieurs régions de France pour crier la détresse paysanne, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, dénonçait hier la manière dont on ruine les éleveurs en France pour augmenter les marges de l’aval.

    La suite :

    http://www.humanite.fr/la-ruine-des-paysans-menace-aussi-notre-souverainete-alimentaire-597230

     

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    Trois années de production agricole mondiale légèrement supérieure à la demande solvable auront suffit pour mettre en difficulté des centaines de millions paysans sur tous les continents, les agriculteurs européens étant souvent les plus durement impactés par cette baisse des cours en raisons des facilités données aux pays tiers pour exporter sur le vieux continent .

     

    Analyse.

    Selon la FAO, les cours des principales denrées alimentaires  ont fléchi pour la quatrième année consécutive en 2015. Ils sont en baisse de  19,1% en moyenne par rapport à l’année précédente. Ainsi, selon l’indice de la FAO, le prix des céréales, y compris le riz,  a régressé  de 15,5% en 2015 par rapport à 2014. La chute est de 28,5% pour les produits laitiers, de 15,1% pour la viande en moyenne, de 19% pour les huiles végétales et de 21% pour le sucre.

     

    L’Union européenne n’en finit pas de négocier des accords de libre échange sur fond de réduction des tarifs douaniers entres différents groupes de pays  dans toutes  les régions du monde. Elle  vient  aussi de produire son étude. Elle montre, sans que cela soit dit,  que ce libre échange a favorisé la surproduction  et la chute des cours sur le marché  communautaire. Selon cette étude,  71% des produits agricoles et alimentaires importés dans les pays membres du l’Union européenne sont entrés  sans le moindre doit de douane et seulement 20% se sont vu appliquer les droits de douane en vigueur au taux plein. Beaucoup de productions en provenance des pays tiers ont bénéficié de tarifs douaniers réduits. Selon le rapport de la Commission, les fruits, les légumes, les noix et leurs préparations sont les produits qui ont le plus bénéficié d’un accès préférentiel au marché européen. Les préparations alimentaires sont le second secteur à avoir le plus disposé de réductions tarifaires bilatérales, tandis que les huiles végétales (en particulier  l’huile de palme) et les produits non comestibles (tabac brut et fleurs coupées) étaient les autres produits profitant le plus du système de préférences généralisées appliquées par l’l’UE, indique aussi cette étude.

     

    Il faut ici introduire un éclairage sur le rôle déstabilisateur joué tardivement par  l’accord « Tout sauf les armes » négocié par le Français Pascal Lamy quand il était commissaire européen en charge du Commerce. C’était quatre ans avant qu’il ne devienne directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013. Cet accord  permettait à 49 pays pauvres d’exporter en Europe des contingents de plus en plus importants de produits agricoles aussi divers que du bois d’œuvre, des fruits, du riz de l’éthanol, du sucre , de l’huile de palme,  des crevettes d’élevage dans les pays membres de l’Union  européenne .  Assurés d’avoir des débouchés, notamment à partir de 2010, beaucoup de pays ont fait de la déforestation à grande échelle dans le but d’exporter du riz, du sucre, de l’huile de palme en Europe. L’étude de l’Union européenne le confirme à sa manière puisqu’elle révèle que les produits qui ont bénéficié des plus grandes facilités d’accès au marché européen ont été la viande, les préparations de viande, le blé, le maïs et le riz ainsi que le miel.

     

    Le double résultat de cette politique d’ouverture des frontières de l’Europe à cette gamme de produits des pays tiers, dont beaucoup sont situés  en Asie,  a été une baisse des cours des produits agricoles, notamment en 2015,  au sein des pays membres de l’Union européenne. Souvent,  les paysans  des pays exportateurs  ont parallèlement été dépossédés des terres qu’ils cultivaient au profit des firmes impliquées dans l’agrobusiness et tournées vers l’exportation. Avec un bilan carbone désastreux, via une vaste déforestation de ces pays, à commencer par le Cambodge.

     

    Aujourd’hui, en dépit des difficultés que cette politique d’importations sans restriction impose aux paysans européens en perturbant les marchés , l’Europe continue d’ouvrir d’autres champs de ruines en  négociant le TTIP avec les Etats Unis  et en ouvrant une négociation parallèle  avec les pays du Mercosur dont les plus gros exportateurs de produits agricoles sont le Brésil et l’Argentine. Et l’on découvre  à l’occasion que les syndicalistes européenne du COPA-COGECA, structure  européenne  dans lequel  figurent la FNSEA et les représentants des coopératives agricoles française,  rappellent dans un courrier à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission,  qu’elles « soutiennent le processus de pourparlers de libre échange avec les Etats Unis »  tout en s’inquiétant   de l’ouverture de négociations avec le Mercosur, en quoi elle n’ont pas tort pour le coup.

     

    Mais là encore, elles se contentent  de faire part de leurs doutes  concernant la « réelle volonté d’ouverture  du marché »  des pays du Mercosur. Elles notent que plusieurs d’entre eux ont augmenté    en 2014 leurs tarifs douaniers sur les fruits et légumes  et que le Brésil a reconduit pour cinq ans une mesure antidumping sur la poudre  de lait de l’UE « alors qu’aucune entreprise européenne n’en avait exporté auparavant un seul  kilo».  Et de juger, en mettant déjà un peu d’eau dans leur vin,  qu’il est « évident qu’un accord sur le chapitre agricole devra être significativement positif  pour l’UE dans les deux négociations avec les Etats Unis et le Japon  afin de compenser les pertes  qu’engendrerait un accord avec le Mercosur ».

     

    Ces « syndicalistes » ne semblent pas vivre sur la même planète que les paysans    qu’ils ont pour mission de défendre  auprès la  Commission présidée  par Jean-Claude Juncker. Surtout quand on lit ceci  à propos de l’élevage aux Etats Unis : « Un rapport de l’administration américaine de l’alimentation et du médicament  (FDA)  publié au mois de décembre 2015, constate qu’entre 2009 et 2014, la quantité d’antibiotiques à usage vétérinaire distribuée dans le pays  a augmenté de 22% (…) Aux Etats Unis,  la majorité des antibiotiques est disponible en « vente libre »  et ne nécessite aucune prescription ou surveillance vétérinaire. Les antibiotiques vendus exclusivement  pour leurs indications thérapeutiques ne représentaient que 28% du volume des ventes en 2014. Les autres antibiotiques  disposaient de l’indication « promoteur de croissance », combinée ou non avec l’indication « usage thérapeutique ».

     

    Malgré cela la négociation entre l’Europe et les Etats Unis se déroule normalement sous l’œil vigilant- mais très compréhensif - des pontes européens du COPA-COGECA  totalement déconnectés des paysans qu’ils disent représenter !   

     

    Source   : 

    http://www.humanite.fr/

    « Quelles sont les maladies liées au vieillissement les plus fréquentes ?Cinq questions pour comprendre l'affaire Jacqueline Sauvage »

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