• L’image contient peut-être : fleur et plante

    Les mots qui logeraient
    Au creux de tes silences
    Le souffle de ta voix
    Comment les réveiller ?

    La nuit viendrait peut-être
    Sur la crête d'un rêve
    Au bout de l'impossible

    Cette trouée violente
    Dans les dalhias du soir

    Les jardins de l'enfance
    Seraient là redonnés
    Avec toutes les roses
    La brûlure de l'été

    Et cette cicatrice
    Dans les jours du malheur
    Serait comme oubliée

    La vie serait donnée
    Et l'amour matinal

    Nul poème à écrire
    Pour combler ici-même
    Ta lumière béante.

    Jean Lavoué, 11 septembre 2020
    Photo Pixabay/Josch 13

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  • Si l'arbre ne devient pas la mesure de ton pas
    S'il n'oriente en toi l’espace et le chemin
    Si son écorce ne t'épaule en marchant
    Si ses bourgeons tout en haut ne t'allègent

    Si son tronc vertigineux ne t'envoûte
    Si son chant immobile ne te foudroie
    Si sa danse ne t'emporte vers le ciel
    Si son ombre sacrée ne te recouvre

    Si ses feuillages en toi ne respirent
    Si ses mousses sont trop froides pour toi
    S'il tend en vain l'or de ses lichens
    Si sa vie silencieuse ne t'abrite

    Si sa sève ne s'accorde à ton sang
    Si tu restes aveugle au feu de son vitrail
    Si tu ne sens monter sa fièvre végétale
    S’il n’éclaire la forêt de ton pas

    S'il ne démêle en toi tes pauvretés inutiles
    Si tu ne le perçois qu’au tumulte qui t'agite
    Si tu n'entends sourdre l'orchestre de ses racines
    Si tu ne suis la partition allègre de ses bois

    S'il ne t'enivre d’aventures promises
    S'il ne creuse en toi des sillons inconnus
    S'il ne ruisselle en toi de forces contenues
    S'il n'ouvre à fonds perdus les trésors de ta joie

    Alors vaine est ta course
    Infertile ta solitude
    Infructueux ton poème
    Stérile le sentier parcouru

    Jean Lavoué

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  • LES PAS D'UN AMI

    À Jacques Bonnadier

    Quand les pas d'un ami se rapprochent
    Aussitôt des cohortes d'oiseaux
    S'enfuient dans ma mémoire
    Pour me donner la clé
    D'un royaume enfoui

    Il savait les passages
    Les levées souveraines
    Les éclaircies de l'âme
    Il connaissait le chiffre
    L'enclume de la parole
    Avait gardé au cœur
    Étincelles invisibles
    Les éclats d'un amour

    Ses mots dessinaient l'arche
    Du poème en attente
    Il prononçait par cœur
    La rime des saisons

    Sa voix perçait encore
    Sous la brume des fatigues
    Il n'avait pu échapper au printemps tourmenté
    À ces fièvres sournoises
    Mais il reprenait pied dans les carrés de la joie

    Il m'atteignait ici
    Sur les berges du silence
    Où tant de voix bruissaient
    Dans les marges de l'aube

    Les pages d'un chant libre
    De soleil et de vent
    Faisaient revivre en nous
    Tout un peuple endormi
    Dont nous étions ici
    Dans l'instant infini
    Enfants de même source
    Et rois du même sang

    Nous savions retrouver
    La sève sous l'écorce
    Et le feu des racines
    Le souffle du vieil arbre
    Et la force invincible.

    Jean Lavoué, le 23 juin 2020
    Photo Andre_Rau/Pixabay

    Jean Lavoué

     

     

    Provence Classique : Emission du mercredi 7 décembre 2016. Philippe Gueit reçoit le journaliste Jacques Bonnadier. Une émission proposée par Dialogue RCF.

     


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  • Le Caravage - narcisse

    L’Enfant-étoile est le quatrième et dernier conte du livre Une maison de Grenades, publié en 1911.

    « Il y avait une fois deux pauvres bûcherons, qui regagnaient leur logis à travers une grande forêt de pins. C’était l’hiver et la nuit était d’un froid glacial. La neige formait une couche épaisse sur le sol et sur les branches des arbres. La gelée faisait craquer les branchettes partout sur leur passage, mais lorsqu’ils arrivèrent au Torrent de la Montagne, elle était suspendue, immobile, dans l’air, car elle avait reçu le baiser du Roi de la Glace.
    Il faisait si froid que même les animaux et les oiseaux ne savaient qu’en penser. »

    Traduction : Albert Savine (1859-1927).

    Donneur de voix : Florent |

    Durée : 42min | Genre : Contes 

     

    L’Enfant-étoile est le quatrième et dernier conte du livre Une maison de Grenades, publié en 1911

     

    http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/wilde-oscar-lenfant-etoile.html

     

    Très jolie, j'aime et vous ?

     


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  • L’image contient peut-être : plante et plein air

    PRÉSENCE

    Si le tableau s'efface, si tu n'es plus au centre,
    Peut-être t'apprêtes-tu
    À entendre autrement la rumeur
    Qui monte de chaque chose ;

    Là où était le chant
    Peut-être n'y a-t-il plus qu'écoute sans attente,
    Poème sans dessein, accord sans mélodie,
    Tonalité première,

    Brûlure d'une promesse à jamais accomplie.
    Là où tu te croyais témoin, regardant sans oubli,
    Se tient désormais l'Ouvert,
    Affranchi de toute prise.

    C'est un parfum inconnu,
    Une tonalité nouvelle qui surgit maintenant de l'arbre, de la maison,
    Du ciel où s'abriter, de la prairie en fleurs
    Élevant vers toi ses pentes lumineuses.

    La flamme, la cheminée, la pomme sur la table,
    Le bouquet de forsythia en feu au coin de l'escalier
    Accourent sur la toile, te devancent ;
    Les meubles cirés, les cuivres, tu ne les vois plus comme objets
    Mais comme tremblements d'une éclaircie qui te précède.

    Gratitude infinie de l'être
    Qui trouve ainsi sa clairière
    Où, sans peur ni dommage, il peut se fondre et disparaître
    Dans l'abandon à tout lever du voile, toute offrande des couleurs.

    Dans l'entralecement des branches de la vie,
    Plénitude d'avoir été Cela,
    Un seul instant, où les forces convergent,
    Où toute durée s'abolit.

    Cœur pensant du monde offert
    Sans raison ni autre nécessité
    Que d'avoir laissé s'ouvrir en lui
    Ce lieu sans lieu vers lequel se donne enfin toute présence.

    Jean Lavoué, 25 février 2020
    Paul Cézanne, Montagne Sainte-Victoire*


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