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Par roda83 le 14 Septembre 2020 à 04:45Les mots qui logeraient
Au creux de tes silences
Le souffle de ta voix
Comment les réveiller ?
La nuit viendrait peut-être
Sur la crête d'un rêve
Au bout de l'impossible
Cette trouée violente
Dans les dalhias du soir
Les jardins de l'enfance
Seraient là redonnés
Avec toutes les roses
La brûlure de l'été
Et cette cicatrice
Dans les jours du malheur
Serait comme oubliée
La vie serait donnée
Et l'amour matinal
Nul poème à écrire
Pour combler ici-même
Ta lumière béante.
Jean Lavoué, 11 septembre 2020
Photo Pixabay/Josch 13
www.enfancedesarbres.comSur FB
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Par roda83 le 6 Juillet 2020 à 06:18
Si l'arbre ne devient pas la mesure de ton pas
S'il n'oriente en toi l’espace et le chemin
Si son écorce ne t'épaule en marchant
Si ses bourgeons tout en haut ne t'allègent
Si son tronc vertigineux ne t'envoûte
Si son chant immobile ne te foudroie
Si sa danse ne t'emporte vers le ciel
Si son ombre sacrée ne te recouvre
Si ses feuillages en toi ne respirent
Si ses mousses sont trop froides pour toi
S'il tend en vain l'or de ses lichens
Si sa vie silencieuse ne t'abrite
Si sa sève ne s'accorde à ton sang
Si tu restes aveugle au feu de son vitrail
Si tu ne sens monter sa fièvre végétale
S’il n’éclaire la forêt de ton pas
S'il ne démêle en toi tes pauvretés inutiles
Si tu ne le perçois qu’au tumulte qui t'agite
Si tu n'entends sourdre l'orchestre de ses racines
Si tu ne suis la partition allègre de ses bois
S'il ne t'enivre d’aventures promises
S'il ne creuse en toi des sillons inconnus
S'il ne ruisselle en toi de forces contenues
S'il n'ouvre à fonds perdus les trésors de ta joie
Alors vaine est ta course
Infertile ta solitude
Infructueux ton poème
Stérile le sentier parcouru
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Par roda83 le 25 Juin 2020 à 06:02
LES PAS D'UN AMI
À Jacques Bonnadier
Quand les pas d'un ami se rapprochent
Aussitôt des cohortes d'oiseaux
S'enfuient dans ma mémoire
Pour me donner la clé
D'un royaume enfouiIl savait les passages
Les levées souveraines
Les éclaircies de l'âme
Il connaissait le chiffre
L'enclume de la parole
Avait gardé au cœur
Étincelles invisibles
Les éclats d'un amourSes mots dessinaient l'arche
Du poème en attente
Il prononçait par cœur
La rime des saisonsSa voix perçait encore
Sous la brume des fatigues
Il n'avait pu échapper au printemps tourmenté
À ces fièvres sournoises
Mais il reprenait pied dans les carrés de la joieIl m'atteignait ici
Sur les berges du silence
Où tant de voix bruissaient
Dans les marges de l'aubeLes pages d'un chant libre
De soleil et de vent
Faisaient revivre en nous
Tout un peuple endormi
Dont nous étions ici
Dans l'instant infini
Enfants de même source
Et rois du même sangNous savions retrouver
La sève sous l'écorce
Et le feu des racines
Le souffle du vieil arbre
Et la force invincible.Jean Lavoué, le 23 juin 2020
Photo Andre_Rau/PixabayJean Lavoué
Provence Classique : Emission du mercredi 7 décembre 2016. Philippe Gueit reçoit le journaliste Jacques Bonnadier. Une émission proposée par Dialogue RCF.
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Par roda83 le 8 Mai 2020 à 06:21
L’Enfant-étoile est le quatrième et dernier conte du livre Une maison de Grenades, publié en 1911.
« Il y avait une fois deux pauvres bûcherons, qui regagnaient leur logis à travers une grande forêt de pins. C’était l’hiver et la nuit était d’un froid glacial. La neige formait une couche épaisse sur le sol et sur les branches des arbres. La gelée faisait craquer les branchettes partout sur leur passage, mais lorsqu’ils arrivèrent au Torrent de la Montagne, elle était suspendue, immobile, dans l’air, car elle avait reçu le baiser du Roi de la Glace.
Il faisait si froid que même les animaux et les oiseaux ne savaient qu’en penser. »Traduction : Albert Savine (1859-1927).
Donneur de voix : Florent |
Durée : 42min | Genre : Contes
L’Enfant-étoile est le quatrième et dernier conte du livre Une maison de Grenades, publié en 1911
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/wilde-oscar-lenfant-etoile.html
Très jolie, j'aime et vous ?
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Par roda83 le 29 Février 2020 à 06:28
PRÉSENCE
Si le tableau s'efface, si tu n'es plus au centre,
Peut-être t'apprêtes-tu
À entendre autrement la rumeur
Qui monte de chaque chose ;Là où était le chant
Peut-être n'y a-t-il plus qu'écoute sans attente,
Poème sans dessein, accord sans mélodie,
Tonalité première,Brûlure d'une promesse à jamais accomplie.
Là où tu te croyais témoin, regardant sans oubli,
Se tient désormais l'Ouvert,
Affranchi de toute prise.C'est un parfum inconnu,
Une tonalité nouvelle qui surgit maintenant de l'arbre, de la maison,
Du ciel où s'abriter, de la prairie en fleurs
Élevant vers toi ses pentes lumineuses.La flamme, la cheminée, la pomme sur la table,
Le bouquet de forsythia en feu au coin de l'escalier
Accourent sur la toile, te devancent ;
Les meubles cirés, les cuivres, tu ne les vois plus comme objets
Mais comme tremblements d'une éclaircie qui te précède.Gratitude infinie de l'être
Qui trouve ainsi sa clairière
Où, sans peur ni dommage, il peut se fondre et disparaître
Dans l'abandon à tout lever du voile, toute offrande des couleurs.Dans l'entralecement des branches de la vie,
Plénitude d'avoir été Cela,
Un seul instant, où les forces convergent,
Où toute durée s'abolit.Cœur pensant du monde offert
Sans raison ni autre nécessité
Que d'avoir laissé s'ouvrir en lui
Ce lieu sans lieu vers lequel se donne enfin toute présence.Jean Lavoué, 25 février 2020
Paul Cézanne, Montagne Sainte-Victoire*
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