Non, le dossier de gaz de schiste n’est pas définitivement enterré. Même si en octobre 2012, François Hollande a annulé des permis, dont celui de Brignoles, les récentes déclarations de la ministre de l’Écologie laissent à penser qu’on en parlera encore. Ségolène Royal a en effet déclaré qu’elle n’était pas «dogmatique » sur ce sujet, si « de nouvelles technologies non dangereuses apparaissent ». De leur côté, les industriels transforment ces autorisations pour extraire ces hydrocarbures non conventionnels en permis conventionnels, leur permettant d’explorer le sous-sol.
« Les demandes de mutation de permis sur les sites se multiplient. Et si par hasard ils trouvent du gaz de schiste, les industriels vont demander ensuite à l’extraire », s’alarme Pierre Arnoult, pour qui c’est une façon pour ces groupes pétroliers « d’occuper le terrain ».
Agir en amont
Pas question donc pour cet ancien spécialiste des énergies renouvelables thermiques, aujourd’hui à la retraite, de baisser la garde. Membre actif du collectif contre le gaz de schiste constitué en février 2011, au moment de la découverte du permis de Brignoles, Pierre Arnoult s’est demandé comment lutter contre ces projets d’exploitation, en utilisant des armes juridiques qui seraient mises à la disposition des élus. « Nous avons voulu, à quelques-uns, chercher des parades à travers des textes qui traitent notamment de la protection de l’eau. Laquelle serait menacée par la technique de la fracturation hydraulique. L’idée est d’agir en amont pour barrer la route à ces projets » détaille Pierre Arnoult. Un projet apparemment simple, mais plus ambitieux qu’il n’y paraît, les textes, directives, préconisations touchant à l’eau ou à l’air étant légion dans la législation française et européenne.
Pour décortiquer cette masse de documents, Pierre Arnoult a créé en mars 2013 l’association de sauvegarde du patrimoine naturel (ASPN) en Paca. Grâce au financement du Conseil régional, de quelques élus et du parc naturel régional du Verdon, l’ASPN a engagé une chargée de mission, Élise Goron, spécialiste en eau et milieux aquatiques.
Cette dernière a travaillé d’arrache-pied pendant quatre mois, consultant différents experts, des spécialistes de la Maison régionale de l’eau de Barjols, du parc du Verdon, de la FNE (fédération Nature environnement), la chambre d’agriculture, le conseil général, l’association des maires du Var…
Guide de cent pages
Le résultat : un épais « guide méthodologique et juridique à l’usage des élus et agents des collectivités territoriales ». Une bible d’une centaine de pages en quatre parties, détaille Pierre Arnoult. L’une donne une synthèse des connaissances sur le gaz de schiste. Second volet : les risques éventuels avec les différents impacts sur l’air, le tourisme, les paysages, l’agriculture. La troisième partie est consacrée à l’eau (l’exploration du gaz de schiste est-elle en contradiction avec des textes de loi ?). Enfin, le dernier chapitre traite de la préservation. Ou comment inscrire dans son PLU (plan local d’urbanisme) ou son SCOT (schéma de cohérence territorial) des mesures protectrices.
« Nous voulons faire de l’information, de la prévention et continuer à communiquer sur ce dossier qui est loin d’être clos »,insiste Pierre Arnoult.
Un fascicule, version abrégée du guide, est à la disposition des élus. Et le guide lui-même remis au cours d’une réunion explicative « afin qu’il ne finisse pas sur une étagère » à prendre la poussière.
Pour que tout ce travail soit réellement utile.
http://www.varmatin.com/var/une-nouvelle-arme-contre-le-gaz-de-schiste-dans-le-var.1716237.html
https://enjeuxenergies.wordpress.com/
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