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la révolte des Rêves ... - Jamais sans ma terre
Nucléaire. La voie du génocide. par TOUSCOPRODDans “La révolte des rêves”, Vanessa Escalante suit la bataille des Aborigènes face au projet du gouvernement australien d'enfouir des déchets nucléaires sur leurs terres. Un documentaire à voir en exclusivité sur Télérama.fr jusqu'au dimanche 7 juin à 10h.La diffusion du documentaire est désormais terminée.
Vanessa Escalante est fascinée par les Aborigènes d'Australie. En 2007, son premier film en tant que scénariste suit les derniers traqueurs d'Australie, ces aborigènes capables de pister et de retrouver, grâce aux empreintes dans la terre, aux feuillages foulés, ou à l'épaisseur de la rosée, des gens perdus dans le bush. Dans La révolte des rêves, Vanessa Escalante suit la bataille des Aborigènes face au projet du gouvernement australien d'enfouir des tonnes de déchets nucléaires sur leurs terres. Un film engagé, fort et troublant, qui a reçu le prix France TV au féminin au Festival International 2015 du film de femmes à Créteil et le prix du Public au Festival International du Film d'environnement de Paris.
Comment est né votre intérêt pour ce peuple ?
En 2002, j'ai vu le film « Rabbit-Proof Fence » (« Le chemin de la liberté », 2002). J'avais été marquée par l'histoire de ces enfants enlevés à leurs mères aborigènes pour être christianisés de force. Dans ce film, un traqueur était employé par la police pour récupérer les gamines qui s'étaient enfuies de la mission. J'ai fait des recherches sur ces traqueurs et découvert la capacité des Aborigènes à se repérer dans un continent aussi vaste, leur notion de l'espace et du détail. Grâce à eux, la police retrouvait des fugitifs ou des gens perdus. Depuis Paris, j'ai commencé à écrire sur ces traqueurs puis j'ai obtenu une bourse pour partir sur place en repérage. Ce n'est que plus tard, après le succès des Derniers traqueurs d'Australie, que j'ai découvert cette incroyable histoire de déchets nucléaires dont les enjeux politiques et économiques étaient énormes. J'ai alors pris toutes mes économies et je suis repartie là-bas.
Qu'est-ce qui vous captive chez les Aborigènes ?
C'est une quête personnelle qui m'a menée vers ce peuple blessé, présent sur le continent australien depuis 60 000 ans. J'ai grandi dans une famille très clanique, avec des identités cassées, des Gitans et des Pieds-Noirs d'Algérie. Mon histoire familiale est empreinte de ruptures et d'une certaine violence. Au-delà de ça, il y a une part d'invisible qu'on n'arrive pas à saisir chez les Aborigènes. J'ai tenté de comprendre tout ce qui fait qu'on rejette ces peuples-là, qu'on les écrase. J'aime aussi leur culture liée à la création du monde, je suis sensible à leur attachement à la terre, au sacré. Ils vous forcent à remettre en question totalement tout ce qu'on a appris. Si j'ai mis quatre ans à tourner La révolte des rêves, c'est à la fois en raison des moyens limités, mais aussi par nécessité de s'adapter à leur façon d'être et de penser, et à leur notion du temps et de l'espace.
Votre film aborde la problématique des droits fonciers, et la question de la propriété ancestrale des terres. Surtout, il donne la parole à des personnes engagées, comme Kylie, une jeune rappeuse. Comment se sont-elles confiées à vous, Française débarquant avec sa caméra, dans le bush ?
J'ai essuyé des refus et vécu nombre de malentendus ! Très fragilisées, ces personnes ont une crainte des étrangers, et des caméras. Le journaliste est considéré comme quelqu'un qui vient piller, prendre… Du coup, certains se fermaient, n'avaient pas confiance en moi. A l'époque, je parlais très mal anglais, et je n'arrivais pas à bien me faire comprendre. Il a fallu que je revois toute ma façon de m'exprimer et mon rapport aux autres. Mais dès le départ, j'ai eu envie de les mettre en valeur, de montrer que bien qu'ayant subi de grandes blessures, ils sont d'une force et d'une résistance à toute épreuve. Je voulais transmettre leur voix et qu'on les entende parler. Eux m'ont finalement donné de leur temps et transmis des éléments de leur culture et de leur vison du monde. D'une certaine manière, je considère que les Aborigènes ont écrit ce film.
(1) Les derniers Traqueurs d'Australie. Réalisation : Eric Ellena (France, 2007). 52 mn.
Jamais sans ma terre
Sovereignty dreaming, la révolte des rêves. Un film réalisé par Vanessa Escalante.
L’Australie, ses plages, ses surfeurs…C’est pourtant une vision moins idyllique qu’en donne le documentaire Sovereignty Dreaming, la révolte des rêves. Récemment primé (grand prix du Public documentaire moyen métrage) au 32ème festival d’environnement de Paris, le film raconte le combat de militantes aborigènes contre l’enfouissement de déchets nucléaires sur leur terre ancestrale de Muckaty, dans le territoire du Nord.
Un combat ardu pour la restitution de leurs droits fonciers et l’occasion d’exploiter en filigrane l’histoire de ce peuple privé de ses droits jusqu’en 1967, date de la reconnaissance de son appartenance à l’humanité, lui qui appartenait jusque-là à la Vie Sauvage, comme la faune et la flore.
Du fond du bush au procès contre le Commonwealth australien à la Haute Cour de Melbourne, cette révolte, menée sans jamais faiblir ni sombrer dans la violence malgré celle de l’apartheid existant entre les purs et les métis, ne verra le projet du gouvernement reculer que de quelques kilomètres. Pas vraiment le rêve, mais bien la preuve que les choses peuvent bouger.
La réalisatrice Vanessa Escalante a filmé, monté, et produit son documentaire sur ses deniers personnels et grâce à plateforme de crowdfounding Touscoprod. Fruit de quatre années de travail ponctuées d’allers retours en Australie, le film explore l’une des faces de la dissidence contemporaine : entre indignation et résignation, l’action pacifique et militanteLes Aborigènes d’Australie sont les premiers humains connus pour en avoir peuplé la partie continentale. Ils constituent, avec les indigènes du détroit de Torrès, la population autochtone de cet État océanien. Le mot commun aborigène désigne plus généralement celui dont les ancêtres sont les premiers habitants connus de sa terre natale (du latin ab origine, « depuisl’origine »). Drapeau aborigène créé par Harold Thomas en 1971 (« nous hommes noirs sur la terre rouge, sous le soleil »).Sur Wiki
Tags : aborigene, film, terre, australie, revolte
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