-
Par roda83 le 19 Octobre 2019 à 11:33
Tu reviens à la grâce des forêts de l’enfance
Où les branches se courbent sous le poids de l’année
Les pluies d’octobre ont lissé leurs feuillages
Et préparé le feu d’un éternel étéAutomne aux fastes de lumière
Toutes les saisons éclairées
Le blond chevreuil de la clairière
Le soleil au miroir briséLa flamme rousse des fougères
Les châtaignes aux bogues éclatées
les chemins creux de la mémoire
Les ronces pourpres dans les haiesLa terre se montre impassible
Aux troupeaux enfin rassasiés
Mais elle cueille avec tendresse
Les fruits mûrs dans les vergersLes arbres gardent ton empreinte
Leur force tout au bout de tes doigts
Et sous tes pas de chercheur d’or
L’odeur des feuilles écraséesJean Lavoué 18 octobre 2019
Photo JL La Chesnaie 18/10/19Sur Facebook
votre commentaire -
Par roda83 le 31 Août 2018 à 06:19
Lien de l'image
Portrait of Mario de Andrade - Tarsila do Amaral - WikiArt.
Beau poeme de Mario de Andrade (San Paolo 1893-1945) Poète, romancier, essayiste et musicologue.
Un des fondateurs du modernisme brésilien.
________________________
MON ÂME A UN CHAPEAUJ'ai compté mes années et j'ai trouvé que j'ai moins de temps à vivre d'ici que ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant.
Je me sens comme cet enfant qui a gagné un paquet de bonbons: les premiers les mangent avec plaisir, mais quand il s'est rendu compte qu'il en restait peu, il a commencé à les goûter intensément.
Je n'ai plus de temps pour des réunions interminables où les statuts, les règles, les procédures et les règlements internes sont discutés, sachant que rien ne sera fait.
Je n'ai plus le temps de soutenir des gens absurdes qui, malgré leur âge chronologique, n'ont pas grandi.
Mon temps est trop court: je veux l'essence, mon âme est pressée.
Je n'ai plus beaucoup de bonbons dans le paquet.
Je veux vivre à côté d'humains, de gens très humains qui savent rire de leurs erreurs et qui ne sont pas gonflés par leurs propres triomphes et qui prennent leurs responsabilités pour eux-mêmes. De cette manière, la dignité humaine est défendue et l'on vit dans la vérité et dans l'honnêteté
C'est l'essentiel qui rend la vie utile.
Je veux m'entourer de gens qui savent toucher les coeurs, de ceux à qui les durs coups de la vie ont appris à grandir avec de douces touches de l'âme.
Oui, je suis pressé, je suis pressé de vivre avec l'intensité que seule la maturité peut donner.
Je n'ai pas l'intention de gaspiller aucun des desserts restants.Je suis sûr qu'ils seront exquis, beaucoup plus que ceux mangés jusqu'ici.
Mon but est d'atteindre la fin satisfait et en paix avec mes proches et ma conscience.
Nous avons deux vies et la seconde commence quand vous réalisez que vous n'en avez qu'une.
Partagé sur FBparMário Raul de Morais Andrade, né le 9 octobre 1893 à São Paulo et mort le 25 février 1945 dans la même ville, est un poète, romancier, musicologue, photographe et critique d'art brésilien.Date et lieu de naissance : 9 octobre 1893, São Paulo, État de São Paulo, BrésilDate et lieu de décès : 25 février 1945, São Paulo, État de São Paulo, Brésil
2 commentaires -
Par roda83 le 15 Août 2018 à 06:20
Et nous allons chacun
Épousant le mystère
Cette brève clarté
Qui nous fonde et nous tueCroyant élucider
Ces éclats dans la nuit
Compagnons d’un destin
Que la foudre protègeNous sommes sans savoir
Sur cette obscurité
Sur ce feu qui nous lie
Aux battants de la vieNous allons parcourus
De doutes éphémères
De certitudes soudain
Crucifiées avec nousMais il y a ces flux
De la miséricorde
Ces clartés d’un instant
Où nous sommes sauvésAlors nous nous taisons
Laissant aller le souffle
Vers ce silence d’or
Vers ce matin promisNous remisons enfin
Nos questions inutiles
Pour nous abandonner
À ce cap éblouiLa joie n’est pas certaine
Mais compagne de l’aube
Simple feu clignotant
Aux lisières inconnuesAlors nous franchissons
Des berges des marais
Des forêts insouciants
Aimantés par le feuNous ne croyons plus guère
La mort qui nous talonne
Nous partons ici même
D’un rire souverainMais nous n’oublions pas
Tous nos frères les hommes
Ni leurs mains à tâtons
Qui cherchent une issueNous sommes avec eux
Cette vigile offerte
Annonçant qu’il faut bien
S’en remettre à l’insuNous recevons pour eux
Le poème sans pourquoi
Comme un jardin se donne
Sans calculer le jourEt ce chant qui nous lève
Et nous réconcilie
Sans absoudre l’obscur
Nous en faisons du painEt nous le partageons
Comme on livre son corps
Comme on se met à nu
Sous les mains d’un amourNous sommes le pressoir
La vendange et le grain
Chaque mot qui se donne
Sitôt se change en vinAlors nous exultons
D’être de ce royaume
Où sachant n’être rien
Nous sommes délivrésRien que ces paumes ouvertes
Rien que ce fil ténu
Où nous posons nos pas
Funambules gratifiésJean Lavoué, dimanche matin 12 août 2018
Photo vct310 Pixabay
2 commentaires -
Par roda83 le 9 Mai 2018 à 06:08C’est pour reprendre pied
En ce rien qui t’espère
Que tu te tiens debout
À l’aube du vivant
Le souffle de la terre
Rejoint celui du ciel
L’oiseau t’est compagnon
Son chant ne faiblit pas
Tu portes en toi le vent
Le chemin et la source
Et tu marches au dehors
Aussi bien que dedans
Comme un feu insoumis
Gagnant dans les remises
Tu sarcles sans relâche
Les domaines de ta joie
Plus l’arbre en toi s’élève
De toutes ses racines
Plus tu le laisses aller
Faisant craquer tes bois
De branches et de soleil
Tu fais fleurir la terre
Tu proposes un printemps
Dont le royaume est là
De bourgeons en feuillages
Tu t’appropries l’espace
Tu n’as pas d’autres biefs
Que cette sève en toi
Jean Lavoué
Blavet, La bergerie, le 30 avril – Pont-Augan le 1er mai 2018
www.enfancedesarbres.com
votre commentaire -
Par roda83 le 6 Mai 2018 à 17:46
Appelle-Moi Poésie est un programme de poésie vivante. C'est une sélection originale de textes percutants mis en voix par les meilleurs poètes-performeurs actuels. Si l'idée te plaît, suis-nous et abonne-toi ! http://www.appellemoipoesie.com -------------------------------------------------------------------------------------------------------- NU ET PÂLE, LES BRAS SOUS LA TÊTE Elle m'a rêvé un soir et je suis sorti.
J'ai longé les arbres et les bancs allongés, J'ai suivi les rails et les pistes des bois, J'ai couru dans le noir, je n'ai rien trouvé.
Elle m'a rêvé le jour suivant. Une heure, J'ai parlé dans une langue inconnue. J'ai chanté des rois sans planète, délaissés.
J'ai ouvert ma porte aux êtres de brume. Et je n'ai rien entendu.
Elle m'a rêvé toute une semaine et j'ai tué Un cerf. J'ai arraché son cœur fumant, Je l'ai mangé.
J'ai peint ma poitrine de Ses sirupeuses traînées. Je me suis endormi. Et je ne l'ai pas senti dans ma chair. Elle m'a rêvé une minute, à l'orée d'une heure.
J'ai claqué dans mes mains, j'ai perdu la tête. J'ai puisé dans mes souvenirs, j'ai cherché Mon nom.
J'ai oublié mes vieilles terreurs. Et je ne me suis pas souvenu d'elle.
Elle m'a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.
Je suis devenu un nuage emmargé, j'ai plu des larmes D'eau douce, d'aquarelle.
Des larmes sans pareilles. J'ai vu son visage.
Doucement, j'ai épelé ton nom.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique